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CE QUE J'AI APPRIS DES LAMAS THIBETAINS

LA CAUSE DE LA SOUFFRANCE

Pour pouvoir éliminer la souffrance, il nous faut commencer par en étudier la cause primordiale et les causes secondaires

La cause principale de la souffrance reste encore et toujours l'ignorance.

L'ignorance, tout d'abord, de notre mode d'existence, par une façon erronée d'appréhender ce que nous sommes et ce que sont l'ensemble des phénomènes.

Nous nous basons sur un sentiment d'existence individuelle, d'un "je" dont les caractéristiques seraient permanentes, vivant de façon indépendante, dans l'oubli volontaire du seul évènement dont nous soyons certains : notre mort prochaine

Si nous y pensons, nous devons reconnaître que pour continuer à exister nous avons besoin de nourriture, de boisson, d'une température agréable, d'habillement, de logement. Tous ces éléments nous sont fournis par l'ensemble des êtres et de l'univers. Ici donc reconnaissons notre dépendance de l'ensemble des phénomènes

D'autre part, notre sentiment d'un "je" se base sur une combinaison corps-esprit dont la durée est limitée; de plus, cet ensemble n'est pas identique à celui existant lorsque nous étions enfant et sera différent lorsque nous serons vieux. Ici reconnaissons l'impermanence de ce "je".

Nous avons donc créé de toues pièces une image de nous-mêmes, de ce que nous croyons être (homme, femme, jeune, vieux, pauvre, riche, malade, en bonne santé, français, anglais, etc...) et nous consacrons une énergie incalculable à maintenir et à défendre cette image. Si quelqu'un tend à critiquer une des caractéristiques réelles ou supposées de cette image, nous nous sentons offensés ou insultés et avons parfois des réactions violentes.

Mais puisque nous ne sommes pas ce que nous croyons être et ne sommes pas ce que les êtres rencontrés croient que nous sommes, pourquoi donc réagir inconsidérément ? De cette image de soi maintenue avec grande énergie, nous éprouvons un ensemble de sentiments basés sur une dualité attraction/répulsion. Dans la catégorie attraction se trouvent le désir, l'attachement, la cupidité, l'avarice. Dans la catégorie répulsion se trouvent la haine, la colère, l'aversion, le dégoût, la jalousie, l'envie.

Parce que nous avons le désir de conforter notre image, nous utiliserons notre énergie à acquérir des biens matériels tels que maison, appartements, résidences principales et secondaires, vêtements à la mode ou gadgets tels que caméscope, chaîne Hi-Fi, etc...; ou à essayer d'acquérir des biens immatériels sous la forme de connaissances de techniques, de savoir-faire, de visites de pays lointains, etc...

Par attachement pour ces mêmes possessions, nous tuerons en "légitime défense" le cambrioleur entrant dans notre villa, nous mentirons pour ne pas avoir à payer trop d'impôts, nous paierons de fortes primes d'assurances ou mettrons en déficit la Sécurité Sociale, etc...

Par avarice nous laisserons mourir de faim des enfants (aujourd'hui encore chaque 3 secondes un enfant meurt de faim dans le monde) sans défense et sans parents, nous refuserons l'entrée de notre pays à des réfugiés ayant perdu tout ce qu'ils avaient et souvent même des membres de leurs familles massacrés par des soldats envahissant leurs pays.

Par appât du gain nous perdrons chaque semaine des milliards de francs au tiercé ou à la loterie/au casino ou dans des spéculations hasardeuses, si nous ne nous laissons pas escroquer par des financiers promettant des taux d'intérêts anormalement élevés...

Par haine ou par colère nous tuerons l'étranger ou celui qui prend notre place de parking. Déjà nous refoulons les travailleurs sans papiers, ennemis de notre propre prospérité, nous refusons à celui qui crée des richesses une place dans notres société.

La constatation faite pour ce qui nous est le plus proche, notre égo, se vérifie pour l'ensemble des autres phénomènes. La seule constante dans notre univers étant l'impermanence, nous devons nous souvenir que tous les biens auxquels nous sommes tant attachés disparaîtront un jour : le vase Ming se brisera, le Monet brûlera, la voiture sera accidentée, le pantalon sera déchiré et les chaussures percées, le disque rayé, le tube TV implosera...

Quant aux êtres auxquels nous sommes attachés nous savons aussi que nous les perdrons, l'enfant nous quittera, l'ami changera de région ou d'emploi, et la mort nous séparera définitivement

Les thibétains parlant anglais disent : "in meeting there is parting", dans la rencontre il y a la séparation. Chaque construction contient le germe de sa destruction.

Par la méditation quotidienne sur ces éléments nous parvenons à savoir jouir de chaque instant puisqu'il est unique, qu'il ne dure pas, réalisant parfaitement que nous ne serons pas éternellement en compagnie de l'être cher, nous parvenons à apprécier pleinement chaque être dans son individualité, son caractère unique, même si certains de ses traits de caractère peuvent nous choquer ou nous déplaire.

De plus, après avoir étudié le mode de fonctionnement de l'esprit, nous nous rendrons compte que nous n'exprimons que ce que nous sommes et qu'ainsi des qualités ou défauts que nous attribuons à l'autre ne sont que ceux qui nous sont propres. Ainsi devons nous à notre méconnaissance de ce que nous sommes et de ce que sont réellement les phénomènes et commettre des actes qui entraîneront la souffrance chez ceux qui nous entourent et par conséquent pour nous-mêmes.

Les phénomènes étant dépendants les uns des autres, chaque action a des résultats se propageant à travers l'univers tels des vagues dans l'océan. Cela a été nommé loi de cause à effet ou karma. Mais le karma n'est pas une loi mécanique, ni une force simple, ni une espèce d'entité divine vengeresse ou de juge-arbitre, ce n'est pas non plus un grand registre où tous les actes seraient comptabilisés; je comparerais plutôt cela à un organisme vivant, une cellule se multipliant. En effet les Lama thibétains disent que le karma est "expansif", ainsi, d'une toute petite graine jaillit un séquoia de plus de cent mètres, d'un spermatozoide et d'un ovule croît un être de plus d'un mètre quatre-vingt, d'une action infime peuvent ainsi provenir des résultats gigantesques. Le karma n'est pas une chose simple explicable en deux lignes.

D'une façon simpliste nous pourrions reprendre le proverbe disant que celui qui tue par le glaive périra par le glaive, c'est à dire si nous tuons nous seront tués, si nous volons nous serons volés.

Mais non seulement il y a l'effet choc en retour, mais il y a aussi l'impression laissée par l'action commise et l'émotion éprouvée sur le moment, deux autres facteurs à considérer.

Si nous éprouvons une vive émotion au moment de l'action, la trace laissée dans le courant de consciences en sera d'autant plus forte. Cette impression, dite impression karmique, sera ensuite la cause principale qui, lorsque l'ensemble des causes et conditions sera réuni, fera que se produira pour nous l'acte que nous avons commis envers autrui. Qu'il soit qualifié de bon ou de mauvais ne change rien, la cause sera suivie d'effet, même si un laps de temps énorme s'écoule.

En fait, l'ensemble des impressions enregistrées dans notre courant de consciences détermine ce que nous sommes aujourd'hui et notre comportement quotidien. Ainsi le karma peut-il être considéré au niveau particulier de la cause unique ou au niveau général : notre attitude face à la vie et notre renaissance prochaine.

De la même façon, il existe un karma individuel et un karma collectif : celui d'une famille, d'un village, d'une ville, d'une province, d'un peuple, d'une nation. Les impressions karmiques sont conservées de vie en vie, jusqu'à ce que nous éprouvions le résultat de nos actes, il est donc appelé définitif. Nul ne peut effacer de notre courant de consciences ces impressions karmiques si ce n'est nous-mêmes en pratiquant certains méthodes de purification lorsque nous avons atteint une bonne compréhension des enseignements du Bouddha et une certitude inébranlable dans la validité de ses enseignements, certitude obtenue après l'écoute, l'étude et la méditation sur ces enseignements en fonction de notre expérience personnelle.

Nous pouvons maintenant recevoir ces enseignements de professeurs qualifiés dans notre propre pays puisque depuis plusieurs décennies des moines bouddhistes résident en Occident (voir ma liste d'adresses des centres bouddhistes)

Ce professeur, ce guide spirituel peut être appelé gourou ou lama, cela importe peu, il nous faut avant tout être certain qu'il est le vivant exemple de ce qu'il prêche. Les thibétains disent que : "de la même façon que le gourou doit étudier le disciple pendant douze ans, le disciple doit étudier le gourou pendant douze ans".

Avant d'effectuer un achat important, nous prenons certains précautions, étudions la qualité du produit, les diverses garanties, le service après-vente, ceci pour un acte qui n'engage que partiellement notre être et pour une durée limitée.

Or, lorsque nous nous engageons auprès d'un guide spirituel et décidons de mettre en pratique ses enseignements, nous engageons la totalité de notre être et ce pour une durée peut-être supérieure à plusieurs vies humaines. Si le gourou n'est pas qualifié, nous pouvons très bien nous retrouver dans des situations inconfortables si nous n'y perdons pas la vie. Si ce qu'il n'enseigne ne représente pas une vue juste nous n'atteindrons pas notre but, la libération de la souffrance et la bouddhéité pour le bien de tous les êtres.

Le choix d'un guide spirituel et d'une tradition est donc d'une importance extrême, vitale et l'erreur peut être fatale.

Le gourou doit avoir les qualifications suivantes : il doit avoir développé son esprit en ayant reçu et pratiqué de nombreux enseignements, garder une conduite pure (éthique - shila), avoir développé l'esprit d'éveil, une bonne compréhension de la vacuité (shunyata), et une grande compassion, avoir la capacité de disperser tous les doutes chez ses disciples, posséder la tradition orale complète des initiations tantriques et conserver ses voeux avec une pureté totale.

Notre libération de la souffrance et l'obtention d'un bonheur durable (nirvana) dépendant des pratiques dévotionnelles mentales et physiques à notre ami spirituel, nous devons pratiquer exactement suivant ses instructions, avec une foi entière, indestructible. En ayant une foi totale, complète, en notre ami spirituel, notre "directeur de conscience", incarnation, représentation vivante du Bouddha, nous pouvons atteindre nos objectifs. Mais, pour cela, il est essentiel d'écouter attentivement ses enseignements, de suivre ses conseils, de mettre en pratique les méthodes indiquées.

De la même manière que pour couper notre soif il ne suffit pas de voir de l'eau, il nous faut la boire, de la même façon pour réaliser la bouddhéité il ne suffit pas d'étudier, de courir d'initiation en initiation, il faut aussi pratiquer.

Le Gourou Bouddha Shakyamouni disait à ses élèves : "vous ne devez pas accepter mes enseignements parce que l'on m'appelle le Bouddha, mais, de la même façon qu'un bijoutier teste de plusieurs manières la matière pour déterminer si c'est bien de l'or, vous devez tester ces enseignements à la lumière de votre expérience".

Au début de la pratique spirituelle, nous recevons des enseignements d'un être humain, car notre esprit étant encore complètement sous l'emprise de l'ignorance et des délusions nous ne sommes pas encore à même de recevoir les messages, les enseignements que nous donne constamment l'univers et dépendons donc encore d'un enseignement sous forme de discours, de livres et de cassettes.

Par la suite, nous en venons à réaliser que la vie entière est source d'enseignements, que tous les êtres peuvent nous apprendre ce que nous ne savons pas encore, si nous laissons notre esprit s'ouvrir, tout nous sera source de sagesse. Puis nous reconnaissons enfin que le gourou est toujours présent en nous, qu'il ne se trouve pas à "l'extérieur", mais en nous. Le gourou intérieur est notre propre sagesse se développant grâce à la pratique de la méditation, au développement de nos qualités potentielles, au maintien d'une certaine éthique, d'un certain "code de conduite". Excédés par l'inconfort des situations vécues, certains êtres prennent refuge dans la drogue ou dans l'alcool, ou se défoulent en activités sportives, ou dans la nourriture, ou bien s'abrutissent de bruit, de vitesse, ou à regarder de stupides programmes à la télévision, pour oublier la réalité (telle qu'ils la vivent) de leur situation. Or nous savons tous que ces "refuges", loin d'apporter une solution à nos "problèmes" ou soulager notre souffrance, ne font que les reporter ou les aggraver.

Afin de modifier réellement les situations "désagréables", il nous faut trouver un refuge qui ne soit pas décevant et ne soit pas un facteur aggravant.

Après avoir constaté que certains points des enseignements donnés par le Bouddha correspondent effectivement à notre expérience, qu'effectivement la souffrance est présente en ce monde, qu'effectivement nous faisons tous l'expérience douloureuse de la naissance, de la souffrance, de la maladie, du vieillissement et de la mort, qu'effectivement notre vision du monde est perturbée par l'image fausse de notre perception de notre être, de notre perception faussée de l'ensemble des phénomènes, après avoir confirmé la validité de ces enseignements, nous concluons que le reste des enseignements peut nous apporter une solution, un chemin, des méthodes nous permettant de nous libérer de la souffrance.

Ainsi nous abandonnons des refuges décevants pour aborder un refuge stable et nous offrant la libération de la souffrance et l'obtention d'un bonheur durable.

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Dernière modification: 16 mars 2014


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