Les bouddhistes sont-ils végétariens ? J'ai choisi de résumer par cette phrase la question assez complète qui a été posée et qui comprend le récit d'images d'un reportage en Birmanie. voir le texte complet de la question http://www.geocities.com/athens/forum/2359/qvegetar.html#question Réponse : Les bouddhistes sont-ils végétariens ? Texte complet de la question J'ai visionné récemment un documentaire traitant du bouddhisme birman dans lequel les moines consommaient poisson et viande ? Cela ne va-t-il pas à l'encontre du précepte énoncé en objet ? D'autre part, j'ai pu lire sur un site consacré au bouddhisme Theravada par la nonne Indavati une réponse à une question similaire à propos du végétarisme. Il y était dit que la consommation de la viande n'était contraire au dit précepte que dans la mesure où l'acte de destruction était perpétré par celui qui consommait, mais qu'a contrario, consommer de la viande dont on n'a pas, soi-même, abattu l'animal qui la fournit n'allait pas à l'encontre de ce précepte. Qu'en pensez-vous ? Cette vision n'est-elle pas quelque peu hypocrite, et n'est-ce pas une interprétation trop large des paroles du Bouddha ? Le caractère direct ou indirect de la responsabilité de la destruction de la vie n'enlève rien aux conséquences de l'acte, à mon sens. Merci de me faire part de vos réflexions à ce sujet. Je comprends que vous vous intéressiez à cette question, toutefois je ne vois pas bien l'utilité de chercher à démontrer une quelconque contradiction entre les préceptes du bouddhisme sur la question du respect de toute vie et la pratique des laïques bouddhistes ou de quelques bonzes bouddhistes dans quelques pays. Je suis un peu dubitatif par rapport à votre réaction en me disant que direz-vous des ces autres courants (ils sont nombreux) qui perpétuent le massacre rituel d'animaux ? Que direz-vous de ces courants qui considèrent le règne animal comme inférieur ? Je suis également toujours surpris de cette perpétuelle configuration manichéenne qui consiste à dire, " ah tiens, celui-ci qui est bouddhiste mange de la viande, il y a une contradiction ". Ces implications déductives n'ont vraiment pas beaucoup de sens, vous placez la logique sur un plan supérieur à la réalité des choses. Il faudrait peut-être revenir à la source. Le bouddhisme prône le respect de toute vie parce que le bouddhisme (comme d'autres courants indiens) ne place pas l'homme au-dessus du reste, mais considère l'homme comme un élément d'un ensemble et comme un élément assez peu différent du reste. Cette position est étayée par la théorie des quatre éléments et des cinq agrégats. Quand on regarde simplement, les éléments qui nous composent, l'eau, les minéraux, les processus de développement sont soit identiques, soit comparables. Tout ce qui existe procède des mêmes éléments fondamentaux, seules leurs combinaisons diffèrent. Quand les bouddhistes parlent du respect de toute vie, ils englobent la totalité du vivant. Certains courants, et notamment le jaïnisme, poussent ce principe à son extrême, refusant de se déplacer durant la saison des pluies pour éviter d'écraser les petits animaux qui prolifèrent dans les sols à cette saison et portant des masques de tissu pour éviter d'avaler des insectes. En prônant le respect de toute vie, le bouddhisme marquait aussi une différence fondamentale avec certaines pratiques du brahmanisme qui reposaient sur les sacrifices animaux. Ce que le bouddhisme vise également au travers de cette idée, c'est l'égoïsme, l'affirmation de soi sur les autres et sur le monde, la volonté de s'approprier, qui se traduisent par la violence (qu'elle soit verbale ou physique ou même seulement intentionnelle) et par le meurtre. Le principe du respect de toute vie rencontre une certaine difficulté sur la question de l'alimentation. Dans l'ensemble du vivant, tout individu est susceptible de piocher dans le vivant pour assurer sa propre survie. C'est à ce point vrai que le végétarisme ne sait pas toujours définir les limites, faut-il manger des œufs ou pas ? Faut-il boire du lait ou pas ? ... Si ces bonzes se sont montrés en train de manger ostensiblement de la viande et du poisson, et bien, ils n'ont pas montré une grande conformité de leurs actes avec leurs engagements. En cela, il convient de les blâmer et non de blâmer le bouddhisme. Ces bonzes ont oublié qu'alors quelqu'un avait décidé de la mort de tel ou tel animal au seul motif de les nourrir. Il est très surprenant qu'un laïc ait seulement eu l'idée de leur proposer ou de leur offrir de la viande auquel cas, ils auraient dû tout simplement la refuser. Tels sont les principes dans tous les pays et pour tous les bonzes bouddhistes. Je ne puis naturellement pas vous dire pourquoi ceux là ont accepté de se montrer mangeant de la viande et du poisson. N'ayant pas vu le reportage (je ne suis pas un adepte de la télévision) et ne connaissant pas les conditions de ce tournage, je ne puis vous donner mon opinion sur ce fait très précis. Si tout cela est vrai, eh bien ces bonzes ne devraient pas le faire, et s'ils veulent le faire, eh bien ils ne devraient pas rester bonzes. En général, quand des bonzes font cela, c'est par défiance ou par provocation dans le cadre d'une situation conflictuelle bien particulière, que je ne connais pas. Je ne veux pas non plus les juger sur de simples " on dit "… Le bouddhisme, ce n'est pas pour une situation donnée, de manger ou de ne pas manger de la viande ou du poisson. Une personne qui ressent le caractère injuste du fait de sacrifier un animal pour satisfaire ses besoins nutritifs ne demande pas à telle ou telle philosophie son avis sur ce sujet. Mais, s'il regarde ce qu'en pense le bouddhisme, il y a concordance. Le bouddhisme considère qu'il est préférable de ne pas manger de viande et de ne pas manger de poisson, car pour se nourrir de viande et de poisson, il faut tuer auparavant un animal. Bien sûr, les différentes cultures ont accommodé ces préceptes avec les nécessités de chaque peuple. Il est peut-être plus facile aux tibétains d'être végétariens car le pays compte assez peu d'animaux domestiques comestibles et plus de denrées végétales produites localement ou importées. Il est peut être moins facile aux birmans de se nourrir de végétaux et plus aisée de prélever plus largement des individus sur une faune plus abondante. Je ne sais pas, mais je pense que ce type de facteurs joue également. Un bouddhiste ne chassera sûrement pas, pas même pou se nourrir. Beaucoup, ne voient dans ces pièces de viande, que des chairs mortes, que des membres brisés, que des parties de corps disséquées. Beaucoup n'en ressentent alors que du malaise, de l'insatisfaction, de la désapprobation d'avoir dû tuer tous ces animaux pour leur prendre leur muscle. Certains en ressentent du dégoût et se détournent de ces aliments. Le bouddhisme est exactement sur la même appréciation et recommande de se nourrir de préférence de végétaux. Toutefois, les sociétés ont leurs propres exigences et les familles qui élèvent leurs enfants préfèrent les nourrir avec de la viande et de protéines animales comme il en a toujours été. On peut considérer que la souplesse d'interprétation que le bouddhisme a pu introduire selon la région est que la manière dont ces protéines animales sont prélevées doit répondre à des critères de noblesse et de respect des espèces vivantes touchées. Les sociétés traditionnelles où la chasse est un élément essentiel dans l'alimentation humaine ont toujours ressenti le caractère violent et injuste de la mort que les chasseurs imposent aux animaux qu'ils rencontrent. La plupart de ces traditions ont toujours développé des incantations, des demandes, des excuses adressées aux animaux avant ou pendant la chasse où il leur est demandé pardon d'avoir à leur enlever la vie, où il leur est demandé de bien vouloir s'offrir aux flèches du chasseur. Une telle démarche montre la nécessité de conjuguer le besoin de chasser pour se nourrir et la volonté de respecter toute vie et le sentiment d'une continuité du vivant dans lequel la mort de l'un pour nourri l'autre est une chose naturelle. Le végétarisme est une forme de philosophie qui existait en Inde aussi avant le bouddha historique. Il apparaît dans des sociétés où les besoins nutritifs peuvent être satisfaits de différentes manières et où les connaissances sur la question de l'équilibre alimentaire de l'homme sont suffisantes. Le bouddhisme ne se satisfait pas plus du fait de tuer des animaux pour nourrir les humains, que de les élever dans des conditions effrayantes pour des seuls motifs de rentabilité. Concernant les explications que vous avez lues sur un autre site, je crois que vous comprenez mal le fonctionnement des recommandations du bouddhisme dans les sociétés asiatiques. Par exemple, le bouddhisme proscrit les métiers liés à la fabrication et au commerce des armes. Le bouddhisme considère que ce type d'activité est incompatible avec l'engagement bouddhique. Mais le bouddhisme ne dit pas que ces métiers doivent être interdits pour tous les acteurs de la société. Les sociétés ont leur dynamique, leur logique, leurs contraintes, et s'il y a des marchands d'armes, eh bien, il y a des marchands d'armes. De la même manière, le bouddhisme prône le respect de toute vie, et s'il y a encore des mangeurs de viande, eh bien, il y a encore des mangeurs de viande. La bikkhuni Indawati, qui a vécu longtemps en Asie et tout particulièrement en Birmanie a raison de vous préciser que la pratique, principalement partagée par des laïques, veut qu'on est moins répréhensible répréhensible (du point de vue de son propre karma) quand l'animal n'a pas été tué des mains de celui qui le consomme. Le bouddhisme pragmatique ici fait la différence entre celui qui tue l'animal et celui qui se contente de manger la chair morte pour se nourrir. La bikkhuni Indawati fait la réponse qu'elle ferait à une personne bouddhiste birmane qui viendrai la voir inquiète, attristée, préoccupée parce qu'elle aurait mangé de la viande et qui s'inquiéterai pour son karma. Le devoir de la bikkhuni serait alors de la rassurer en lui disant que si elle a bien consommé de la viande, elle n'a pas tué d'animaux. Je ne sais pour vous, mais vous faites-vous, vous aussi du souci pour votre karma ? J'espère avoir répondu à votre question.