La transmission du Tantra de Kalachakra Les prophéties du Tantra de Kalachakra ne peuvent s’interpréter à la manière de celles de Nostradamus par exemple. La vacuité donne la clef de leur compréhension, tout en dévoilant des modes alternatifs du fonctionnement de l’esprit, basés sur la non-dualité Par Sofia Stril-Rever CERCLE D’ETUDES KALACHAKRA Jeudi 1er mars 2001 La transmission du Tantra de Kalachakra Kalachakra est karmiquement relié au royaume de Shambhala et à notre monde. C’est avec cet événement spirituel, la transmission du Tantra de Kalachakra, que notre karma humain a touché le karma de la société des Eveillés de Shambhala. Effectuée sur la base du Tantra, notre connexion avec Shambhala n’a cessé d’évoluer au cours de notre histoire qui se trame en parallèle à l’histoire de Shambhala. Mais les prophéties du Tantra de Kalachakra ne peuvent s’interpréter à la manière de celles de Nostradamus par exemple. La vacuité donne la clef de leur compréhension, tout en dévoilant des modes alternatifs du fonctionnement de l’esprit, basés sur la non-dualité. par Sofia Stril-Rever auteur du Tantra de Kalachakra, Le Livre du corps subtil, texte intégral traduit du sanskrit, Desclée de Brouwer, 2000 1. Kalachakra et le royaume de Shambhala Kalachakra est karmiquement relié au royaume de Shambhala. Selon l’enseignement traditionnel, on considère qu’un an après l’Eveil, le Bouddha historique Shakyamuni transmit au roi de Shambhala le Tantra de Kalachakra, au stupa de Shri Dhanyakataka, dans le sud de l’Inde. Pour marquer la singularité de l’enseignement du Tantra de Kalachakra, lors de la première initiation de Kalachakra que le Dalaï-Lama donna en Occident, à Madison, aux Etats-Unis, en 1981, Sa Sainteté précisa : « Etant donné que les enseignements du Vajrayana ont été donnés par des manifestations mystiques de Bouddha à des êtres se trouvant dans un état mystique de karma et de perception purs, il importe peu de savoir si tel ou tel tantra fut exposé du vivant du Bouddha historique. Cependant le Tantra de Kalachakra fut bien énoncé par le Bouddha durant sa vie. » La transmission de Kalachakra fut donnée par le Bouddha Shakyamuni à la demande de Suchandra, roi de Shambhala. Si l’on se réfère au texte, au Livre II du Corps subtil, le Tantra s’ouvre avec une strophe dans laquelle le roi Suchandra présente sa requête de l’enseignement au Bouddha. Et dans plusieurs strophes, à des points différents du développement de l’enseignement, le Bouddha s’adresse au roi et l’interpelle. De même, dans le grand commentaire qui accompagne le Tantra, La Lumière immaculée, rédigée par le II° roi-kalkin de Shambhala, Shri Pundarika, Suchandra est nommément cité comme l’interlocuteur du Bouddha. Si le Tantra de Kalachakra ne se présente pas sous la forme d’un dialogue, il s’agit néanmoins d’un texte dialogué à deux voix de maître et de disciple. C’est un exemple unique et remarquable parmi les tantras en général, en raison de la personnalité même du disciple, le roi de Shambhala, qui rapporte l’enseignement reçu directement du Bouddha Shakyamuni, dans son royaume, en un lieu non-terrestre donc. De par sa situation d’énonciation, le Tantra de Kalachakra s’inscrit dans une époque historiquement déterminée, même si son inscription temporelle, chronologiquement repérable, est toutefois décalée, reliée à un espace-temps dont les coordonnées nous échappent. Car Shambhala n’est ni archivé dans nos chroniques, ni identifiable dans un atlas de géographie. L’intersection singulière du roi Suchandra avec notre histoire doit donc être considérée en rapport avec la transmission du Tantra de Kalachakra. C’est en effet avec cet événement spirituel, la transmission du Tantra de Kalachakra, que notre monde a touché le monde de Shambhala, que notre histoire a touché l’histoire de Shambhala et que notre karma humain a touché le karma de la société des Eveillés de Shambhala. Effectuée sur la base du Tantra, cette connexion n’a cessé d’évoluer au cours de notre histoire qui se trame en parallèle à l’histoire de Shambhala. C’est la nature de ce lien, son évolution, sa signification karmique et spirituelle que je vous propose d’examiner ce soir. 2. Rois et kalkin de Shambhala Notre lien initial avec Shambhala a un visage et un nom, celui du roi Suchandra. Nous ne disposons pas d’information sur l’histoire de Shambhala avant Suchandra. Nous connaissons le nom de son père, Suryaprabha, « Eclat du soleil », nom d’ un bodhisattva symbolisant la lumière du jour, et de sa mère, Vijaya, « Victoire », nom d’une déesse qui, dans le mandala de la parole de Kalachakra, siège au sud-est. La dynastie de Shambhala appartient à la lignée des Shakya dont est issu le Bouddha Shakyamuni, et c’est pourquoi les rois de Shambhala sont montés sur le trône du lion. Suchandara : "Seigneur de la lune parfaite" Cette représentation appartient à une fresque du temple de Kalachakra à Theckchen Choeling, le monastère privé de Sa Sainteté. L’iconographie a donné à Suchandra des traits mongols. Sa longue chevelure de yogi est relevée en un chignon tressé, retenu par un turban blanc, cerclé de la tiare tantrique dont les cinq volets correspondent aux cinq familles de Bouddha. Il est vêtu du costume de l’Empereur universel, une chasuble tissée avec du poil de lion teint de couleur blanche, sur une robe rouge. Ses boucles d’oreille emblématiques sont faites de l’or de la rivière Jambu, située dans la cosmologie indienne au sud du mont Meru, une rivière passant pour charrier un or extrêmement pur. La main droite du roi tient le lotus blanc, surmonté d’un vajra d’or ; la main gauche tient la cloche et le vajra d’or. Suchandra est une émanation du bodhisattva de la dixième terre, Vajrapani, qui incarne le pouvoir de tous les bouddhas, symbolisé par le vajra. Vajrapani est le chef de la lignée du vajra et, traditionnellement, les différentes émanations de Vajrapani sont les intermédiaires entre le Bouddha et les êtres humains auxquels ils transmettent les doctrines ésotériques du vajrayana. Suchandra est aussi appelé Chandrabhadra en sanskrit, les deux termes signifiant « Seigneur de la lune parfaite » ou Dawa Zangpo, en tibétain. Souverain de Shambhala, après avoir reçu l’initiation dans le mandala de Kalachakra et la transmission du Tantra, il retourna dans son royaume où il écrivit le Tantra-racine en 12 000 strophes. Suchandra fit construire un grand mandala de Kalachakra au sud de sa capitale, Kalapa, puis donna l’initiation et la transmission de Kalachakra aux habitants de Shambhala. Deux ans plus tard, le roi tantrique quitta son corps et apparut dans son Sambhogakaya, son corps de Jouissance parfaite. Ce que nous savons de l’évolution de Shambhala, après Suchandra, est profondément déterminé par la transmission du Tantra de Kalachakra, au sein même de la société de Shambhala. A Suchandra succédèrent six rois dont nous ne connaissons rien sauf à propos du septième, Manjushri-Yashas, appelé Manjukirti par les Tibétains. Manjushri - Yashas : "Glorieux Seigneur émané de Manjushri" Le règne de Manjushri-Yashas avait été prophétisé par le Bouddha dans le Tantra racine de Kalachakra en ces termes. Il avait dit : « Le roi Yashas, détenteur de la lignée vajra, deviendra kalkin en faisant des quatre castes un seul clan à l’intérieur de la famille vajra. » Le Tantra ne nous en dit pas plus, mais les lamas tibétains ont reconstitué une période troublée de Shambhala. En se fondant sur ces deux vers, ils se représentent la société de Shambhala comme divisée en quatre castes différenciées d’après le système social védique. Sous le règne de Manjuyashas, les brahmanes auraient créé en quelque sorte un schisme, en décidant de partir en Inde étudier le védisme pour le réintroduire dans Shambhala. Mais le roi sut convaincre 35 millions des habitants de Shambhala tentés par le brahmanisme de renoncer à leur projet et de recevoir de lui l’initiation et les enseignements de Kalachakra. La société de Shambhala en fut profondément transformée puisque les quatre castes furent fondues en une seule famille vajra. Dès lors le roi Manjushri Yashas prit le nom de roi-kalkin, et ses successeurs également portèrent ce titre de rois-kalkins, rigden en tibétain. Les souverains de Shambhala devinrent des kalkin pour avoir réuni les quatre castes dans la pratique du bouddhisme vajrayana. Le terme sanskrit kalkin est dérivé de kalkah et signifie "ciment", "liant". A partir de Manjushri-Yashas, les kalkins sont les souverains de Shambhala qui préservent l’unité de leur royaume tantrique cimenté par les initiations et les enseignements du véhicule vajra. En prévenant l’introduction de systèmes de croyance étrangers au tantrisme et considérés comme karmiquement négatifs, ils garantissent que le XXV° kalkin, Raudra Chakrin, "Seigneur des larmes à la roue", pourra restaurer le Dharma à la fin de notre âge d’épreuves, l’actuel kaliyuga. Un autre sens de kalkin est celui de "résidu au terme d’un processus alchimique". Cet acception exprime la fonction du roi-Kalkin qui accompagne la vie du monde manifesté en éclairant la nature karmique et la raison d’être profonde des choses. Le processus alchimique est ici spirituel. C’est une progression vers la pureté tantrique de Shambhala, au prix de la destruction par le feu de nos attachements samsariques. Déterminant dans l’histoire de Shambhala, ces événements contemporains de Manjushri-Yashas ont été déterminants dans notre rapport avec la transmission de Kalachakra. Car les habitants du royaume demandèrent à leur roi de rédiger un tantra abrégé. Et Manjushri-Yashas composa un tantra douze fois plus court quasiment, en 1030 strophes, intitulé Sublime Tantra royal abrégé de Kalachakra, en sanskrit Shri Kalachakralaghutantraraja. Le tantra original, Paramadibuddhatantra, ou Tantra du Bouddha primordial suprême en 12 000 strophes, composé originellement par Suchandra, est, depuis lors, passé dans l’occultation. C’est aujourd’hui un "trésor caché", terma en tibétain. Il fait partie de ces textes sacrés, occultés dans un lieu secret, en l’occurrence le royaume de Shambhala, en attendant qu’il soit découvert par un pratiquant qualifié, à une époque karmiquement mûre pour le recevoir. Le Tantra abrégé est l’actuel ouvrage de référence des enseignements de Kalachakra, il fut ramené en Inde par le pandit Chilupa, au 9°-10° siècle. Il nous est parvenu en sanskrit et dans ses traductions tibétaines, elles-mêmes traduites en mongol. Le roi-kalkin Manjushri-Yashas et son épouse Tara eurent un fils, Shri Pundarika, "Seigneur du lotus blanc", qui était une émanation d’Avalokiteshvara. Suivant une prophétie du Bouddha dans le Tantra-racine de Kalachakra, Manjushri-Yashas transmit à son fils le titre de kalkin et lui ordonna d’écrire un commentaire au Tantra. Après la mort de son père, Pundarika composa un commentaire très complet et détaillé des cinq livres du Tantra de Kalachakra, le Vimalaprabha, « La Lumière immaculée ». Ce texte est notre source d’information la plus précise et la plus développée dans le système de Kalachakra. L’original sanskrit a été conservé, ainsi que différentes traductions tibétaines. Ce commentaire n’avait jamais été traduit dans aucune langue occidentale jusqu’à une date récente. Grâce aux efforts conjugués de pandit indiens et de geshe tibétains, il a pu être édité, en sanskrit, à l’Université tibétaine de Sarnath, sous la direction du vénérable lama Samdhong Rinpoche, en 1986. Pundarika : "Seigneur du Lotus blanc" Nous avons donc en commun avec Shambhala deux textes d’un patrimoine spirituel exceptionnel, enseignés par des émanations des bodhisattvas Manjushri et Avalokiteshvara, représentant ainsi l’union de la sagesse et de la compassion qui est le sceau tantrique des enseignements du Vajrayana. Dans les lignées tibétaines, celle du PanchenLama, émanation de Manjushri, et du Dalaï-Lama, émanation d’Avalokiteshvara, sont spécialement reliées à Kalachakra. L’un des titres du Dalaï-Lama est Shri Pundarika, "Seigneur du lotus blanc" et certains pensent que le VI° Panchen Lama se réincarnera dans le XXV° kalkin, Raudra Chakrin. Les maîtres spirituels tibétains ont préservé jusqu’à nous les lignées d’enseignement traditionnelles dans le système de Kalachakra. On peut penser que parallèlement à notre monde, dans le royaume de Shambhala aussi, la pratique et l’étude du Kalachakra se poursuit. Mais notre lien avec Shambhala, qui commence à partir de la transmission du Tantra de Kalachakra au roi Suchandra, se perpétue au-delà avec les données d’eschatologie exposées au livre I du Tantra. Aujourd’hui, au XXI° siècle, l’actuel kalkin est Aniruddha, « Celui qu’aucun obstacle n’arrête », émanation courroucée du bodhisattva Jambhaka. Jambhaka signifie « Celui qui dévore de ses crocs », de jhamba ou croc, c’est un démon vaincu par Krishna dans le Mahabharata, et, dans le panthéon bouddhiste, il s’agit d’un protecteur que l’on retrouve dans plusieurs mandala, notamment celui de Kalachakra. Si l’on veut établir des correspondances entre ce Kalkin et notre époque, on remarquera que le nom de Jambhaka a été également attribué à une classe d’esprits maléfiques qui ont la particularité de résider dans des armes magiques. Et l’on pense bien sûr à la sophistication sans précédent de l’armement qui, au cours du siècle qui vient de s’écouler, a intégré les nouvelles technologies dans l’arsenal militaire, faisant des armes actuelles de véritables armes magiques. Mais l’actuel kalkin, émanation de Jambhaka n’intervient pas plus physiquement dans notre histoire que les souverains qui l’ont précédé. Et le Tantra de Kalachakra qui inclut des notions de stratégie militaire et même de balistique au Livre I, définit au Livre II l’arme suprême comme "la roue d’inconcevable sagesse", autrement dit la roue du Dharma emblématique du XXV° kalkin à la roue, Raudra Chakrin. En 2027, montera sur le trône de Shambhala Narasimha, "l’Homme-lion", le dixième avatar de Vishnu. Il sera une émanation de Sarvanivaranavishkambhin, un bodhisattva dont le nom signifie « Celui qui fait opposition à tous les obstacles ». La prochaine intersection de Shambhala avec notre histoire est censée se produire en 2424 alors que règnera sur le trône de Shambhala le XXV° roi-kalkin, Raudra Chakrin, « Seigneur des larmes à la roue ». L’iconographie a représenté le XXV° kalkin, à l’extérieur du lotus de Shambhala. Il est monté sur un cheval bleu sombre, couleur du lotus subtil du cœur, le dharmachakra. Il s’élance à la tête de ses armées et, un javelot à la main, transperce les barbares, ou Mleccha, qui combattent le dharma du Bouddha. Ils sont en train de traverser une passe neigeuse, au sud du royaume de Shambhala, au nord du fleuve Sita. Dans le mandala de Shambhala, le Seigneur des larmes à la roue occupe l’emplacement que l’art sacré réserve aux protecteurs et gardiens du Dharma, les dharmapala. Ces protecteurs sont engagés dans des activités qui consistent à préserver et à sauvegarder le Dharma, ses pratiquants et ses institutions, contre les forces démoniaques destructrices. C’est ainsi que Raudra Chakrin attaque et écrase, sous les sabots de son cheval, les ennemis, agresseurs de la loi bouddhique. Car les rois de Shambhala sont des bodhisattva. Ils ont renoncé à la libération par ultime compassion afin d’aider tous les êtres à avancer sur la voie de la délivrance. Ce sont aussi des rois du Dharma. Ils ne sont pas des rois de ce monde et n’interviennent pas dans les destinées des peuples auxquels ils ne peuvent éviter les implacables conséquences de la loi universelle du karma. Leur rôle est spirituel, leur activité fondée sur le respect du Dharma, au sens d’ordre universel et cosmique. Lorsque cet ordre est gravement menacé, les souverains de Shambhala manifestent dans l’histoire humaine leur puissance courroucée. C’est ce qui est représenté, iconographiquement, sous les traits de Raudra Chakrin quittant le royaume tantrique à la tête de ses armées, pour rétablir l’harmonie qui permettra l’évolution spirituelle du monde. 3. "Le Tantra de la vacuité des phénomènes" Selon le Dalaï-Lama, cette guerre de la fin des temps rendra évidente « la relation très spéciale entre les habitants de la terre et Kalachakra ». Jusqu’à présent, c’est par la transmission du Tantra de Kalachakra que nous avons été touchés par l’histoire du royaume de Shambhala. De même que le Tantra fait mûrir le karma de ceux qui en mettent l’enseignement en pratique, de même le XXV° kalkin, Raudra Chakrin, fera mûrir un mauvais karma de l’humanité sans intervenir dans nos destinées à la manière d’un sauveur qui "lave les péchés du monde". Voir en effet Shambhala comme une Terre promise ou Raudra Chakrin comme un sauveur revient à appliquer le schéma du messianisme à un contexte spirituel étranger. Il s’agit de la projection d’un élément culturel judéo-chrétien qui peut nous donner l’impression de comprendre parce que nous retrouvons un thème connu. Mais ce faisant, nous restons en dehors de la logique spirituelle interne de Shambhala. Je vous propose d’en venir à la question qui est au cœur même du Tantra de Kalachakra. Comment comprendre la relation entre le temps externe de notre histoire et le temps du royaume de Shambhala, entre l’espace de notre géographie et la terre pure de Shambhala ? Il m’a semblé qu’on pouvait trouver la réponse dans le mot même, Kalachakra. Kalachakra signifie La Roue du temps et le sens de cette expression est ainsi glosé au Livre I du Tantra : « Kala, le temps, représente le monde des phénomènes. Chakra, la roue, représente la vacuité. » Donc Le Tantra de la Roue du temps est aussi Le Tantra de la vacuité des phénomènes. Cela nous indique d’abord que les prophéties du Tantra, celles notamment du Livre I, ne doivent pas être interprétées comme des prophéties au sens où le font les religions qui n’ont pas développé la compréhension de la vacuité. Du point de vue du bouddhisme, c’est une erreur de parler du messianisme de Kalachakra. Car, ce faisant, on ignore totalement la notion de vacuité qui est centrale. Si chakra, ou la roue, représente la vacuité, c’est que la vacuité est le lien fondamental, le lien universel qui englobe toute chose à l’image du cercle. La vacuité est le lien universel, ou l’interdépendance, parce que la vacuité est l’absence d’existence inhérente. Absence d’existence inhérente signifie que nous n’avons pas en nous la cause de notre existence, mais que nous existons à partir de tout ce que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas les os, la chair, le sang, la lymphe ou les organes de notre corps mais nous existons parce que nous réunissons en nous toutes ces choses que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas l’air que nous respirons, nous ne sommes pas la nourriture que nous mangeons, ni l’eau que nous buvons, mais nous existons parce que nous absorbons toutes ces choses que nous ne sommes pas. Nous sommes le lien avec tout ce qui n’est pas nous. Le Livre II de Kalachakra nous apprend que, sur le plan du corps subtil, nous sommes le lien avec la lune, le soleil et que la même énergie qui nous fait respirer fait aussi se déplacer les corps célestes. 4. La vacuité est le lien universel En disant que la vacuité est le lien universel, je veux parler de la vacuité telle que nous pouvons la vivre et l’incorporer dans notre vécu. Je veux parler de l’absence d’existence inhérente qui n’est pas seulement une définition abstraite de la vacuité mais la vacuité sensible, concrète. Et cette vacuité vécue, nous n’en sommes pas forcément arrivés au point où nous-mêmes pouvons la vivre dans la totalité de sa dimension de vacuité. Mais nous pouvons la vivre pour ainsi dire par procuration dans un premier temps. Car c’est toujours un enseignement très profond de voir nos maîtres spirituels vivre la vacuité. Un maître qui vit la vacuité, c’est par exemple Geshe Rabten qui, les larmes aux yeux, récite des prières pour les milliers d’insectes qu’un incendie de forêt est en train de détruire. Il vit si intensément le lien avec les plus infimes des créatures qu’il a la capacité de ressentir leur douleur et qu’il pleure en priant pour leur assurer une bonne renaissance. Un maître qui vit la vacuité, c’est par exemple Kirti Tsenshab Rinpoche qui a développé au cours de ses dix-sept années de retraite une sensibilité lui permettant de connaître les positions des astres en observant les déplacements des énergies sur ses différents lotus subtils, à la manière des grands yogis de Kalachakra. Par la réalisation de la vacuité, il est relié à l’infiniment grand et il est arrivé qu’il me demande d’attendre le jour de la nouvelle lune pour commencer un enseignement afin que toutes les conditions soient réunies. Parce qu’en lune montante les déplacements de la bodhicitta, l’essence père blanche de nature lunaire, se modifient et s’intensifient sur les lotus subtils, la réceptivité est donc augmentée. La vacuité vécue, c’est encore le Dalaï-Lama qui déclare que son souhait le plus vif est de donner l’initiation de Kalachakra place Tiananmen, à Pékin, dans un geste de compassion infinie à l’égard des Chinois. Car la compassion est aussi la manière de vivre directement le lien fondamental et l’absence d’existence inhérente des choses au point qu’on ne discrimine plus entre ami et ennemi, entre bouddhiste et non-bouddhiste. On pourrait multiplier les exemples, chacun de nous en a été le témoin soit directement, soit indirectement. On remarque que la compréhension de la vacuité implique un état de conscience non-dualiste dans lequel on vit le lien, ou autrement dit l’interdépendance foncière. L’esprit du maître n’est pas séparé des insectes, les formes de vie élémentaires, ni des étoiles, les formes de vie macrocosmiques. Et si l’on applique maintenant aux prophéties la compréhension de la vacuité, on dira que ce qui est annoncé et s’est produit dans l’histoire existe aussi ici et maintenant. Passé, présent et futur sont déjà là, comme la graine contient l’arbre, la fleur et le fruit. La vision non-duelle sait voir tout cela dans la graine. Pour l’esprit dualiste, le champ ensemencé l’hiver est une terre nue. Mais l’esprit non-dualiste sait voir même en hiver la germination des pousses au printemps et les moissons de l’été dans une vision globale qui inclut la vacuité de toutes choses et donc la dynamique d’impermanence dont elles proviennent. Personnellement, quand, l’hiver, il m’arrive de marcher le long des champs de blé, je pense aux épis. Ils sont invisibles certes, mais peut-on dire pour autant qu’ils n’existent pas ? Par analogie, il me semble que Shambhala existe ainsi, et nous sommes devant le royaume tantrique comme devant les épis de blé enfouis l’hiver dans la terre. Il nous faut attendre la maturation des germes qui correspond au temps de latence, précédant la moisson karmique. 5. L’interprétation non-dualiste des prophéties Au Livre I du Tantra, sont prophétisés Abraham, Moïse, Jésus, Mohamed, Zoroastre ou le XXV° roi kalkin de Shambhala. Avec un esprit dualiste, c’est à dire un esprit qui n’a pas réalisé la nature de l’esprit, on interprètera ces prophéties comme celles de Nostradamus et on remarquera les concordances avec les événements historiques. On ajoutera aussi que cette partie du texte peut être apocryphe, avoir été réécrite compte tenu des événements de l’histoire des religions qui étaient connus au X° ou au XI° siècle, lorsque le Tantra a circulé sous forme écrite en Inde et au Tibet. On n’aura pas tort sur le plan relatif de l’érudition historique et en s’aidant de la méthode historique critique, Frédéric Lenoir a développé pour nous ce type d’interprétation, comme l’ont fait également des historiens américains. Mais on peut estimer que ce type d’interprétation, valide, indiscutable au plan de la science historique, n’épuise pas le sens du Tantra qui appelle aussi d’autres analyses. On décidera alors de considérer ces prophéties du Tantra d’un point de vue non-dualiste. On dira qu’Abraham, Moïse, Jésus, ou Mohamed sont ici et maintenant, ils sont des aspects de l’esprit qui se sont manifestés historiquement, au plan relatif certes, mais qui, dans la dimension ultime, ne cessent pas d’exister, sans avoir pour autant d’existence propre. D’ailleurs les empreintes karmiques que chacune de ces personnalités spirituelles a déposées sont persistantes aujourd’hui. Nous ne serions pas nés sur cette terre, en occident et en ce siècle, si nous mêmes n’avions des connexions karmiques très puissantes avec la culture judéo-chrétienne et ses croyances spécifiques. Le Tantra parle aussi des Mleccha, un terme sanskrit qui signifie « barbare », au sens de « celui qui ne parle pas le sanskrit ». Entendons qui ne parle pas la langue parfaite (sens étymologique de sanskrit), seule langue dans laquelle on peut parfaitement exposer la véritable nature de l’esprit. Le Mleccha est donc l’ignorant car sa langue imparfaite ne peut être la source que d’une connaissance imparfaite. Comme la capitale des Mleccha est dans le Tantra Makha, il est tentant d’assimiler Mleccha et Musulmans. Mais Kirti Tsenshab Rinpoche a été formel en me disant de ne jamais oublier que les Mleccha sont d’abord l’ignorance en nous. Evidemment, pour l’esprit dualiste il est plus facile de dire que les Mleccha et moi font deux, ils sont musulmans et moi je suis bouddhiste. Mais le Tantra nous invite à réformer ce dualisme primaire et à considérer l’ignorance en moi que je dois combattre. En ce sens, les Mleccha sont l’ennemi que je suis pour moi-même, les trois poisons que je suis loin d’avoir éliminés. Du point de vue de la vacuité, dans un esprit non-dualiste, Shambhala est aussi ici et maintenant. Avec un esprit dualiste, on s’égare à le chercher sur les routes du monde. Frédéric Lenoir a recensé les destins tragiques de ceux qui se sont perdus et sont morts de froid dans les montagnes himalayennes où ils ont recherché ce royaume. Pourtant si nous regardons l’iconographie de Shambhala avec un esprit non-duel, il n’est pas difficile de reconnaître dans les montagnes la bodhicitta, l’esprit d’Eveil lunaire de couleur blanche qui encercle le royaume tantrique. Et le royaume de Shambhala, à huit pétales, est le lotus du cœur, le dharmachakra. Il est donc proche de nous, il nous faut apprendre à regarder Shambhala comme notre cœur subtil et comme le cœur tantrique du monde. 6. Penser un, plutôt que deux Aussi longtemps que nous serons dans le concept et tant que nous n’aurons pas levé le voile du concept comme nous y engage la pratique bouddhiste, nous intellectualiserons le Tantra de Kalachakra. Et il nous paraîtra difficile de comprendre que Shambhala existe et n’existe pas simultanément, que les prophéties se vérifient dans l’histoire du monde et en nous-mêmes, que le Bouddha ait pu enseigner au même moment le Sutra de la Perfection de la Sagesse à Rajagriha, au Pic des Vautouts, et le Tantra de Kalachakra, au stupa de Sri Dhanyakataka. En réalité, il n’y a pas de contradiction, à partir du moment où nous entrons dans la logique spirituelle interne de Kalachakra, basée sur la compréhension de la vacuité. Il est vrai que nous ne sommes pas préparés à penser ainsi. Pour arriver à traduire le Livre II de Kalachakra, j’ai dû faire un travail sur les conditionnements psychiques qui sont les mêmes pour nous tous car nous sommes pétris de dualisme, nous pensons deux or il faut habituer notre esprit à penser un. Dans notre langue même, nous parlons deux, nous hiérarchisons le sujet et l’objet, les deux instances de l’esprit dualiste, autour du JE, le JE du Je pense, donc je suis de Descartes. Je me souviens avoir traduit il y a quelques années l’article d’un linguiste japonais qui posait une question neuve pour moi et une question vraie. Comment puis-je voir la montagne quand je dis : « Je vois la montagne », si, implicitement, je ne pense pas que la montagne aussi me voit ? Cela va bien sûr à l’encontre de tout ce que nous présupposons sur la suprématie du sujet qui linguistiquement, comme dans nos automatismes de pensée, est dominant par rapport à l’objet. Mais ici nous sommes plutôt invités à imaginer la réciprocité de toutes choses, de moi et de la montagne, contemporains d’un instant d’être-au-monde énoncé dans « Je vois la montagne » qui, en devenant « La montagne me voit », cesse d’être un acte de parole banal. Et devant certaines calligraphies japonaises, il m’est arrivé de me dire que la branche de cerisier ou que le bosquet de bambous regardaient vers nous. Autre question qui renvoie à cette réciprocité fondamentale, impensable toutefois dans notre culture, celle d’un lama demandant : « Comment pourrions-nous voir la lune, comment pourrions-nous voir le soleil et les étoiles, si, à l’intérieur de nous, nous n’avions aussi la lune, le soleil et les étoiles ? » Je prendrai deux exemples tirés des textes qui amènent à réfléchir sur les mécanismes de notre esprit dualiste et la façon dont nous positionnons hiérarchiquement notre subjectivité au premier plan. La formule rituelle d’introduction aux Sutra et aux Tantra qui, traditionnellement, garantit qu’il s’agit d’un enseignement prononcé par le Bouddha de son vivant est, en sanskrit : Evam maya srutam ekasmin samaye Bhagavan aha. Si l’on traduit littéralement, on dira : Ainsi par moi a-t-il été entendu à cette époque-là, le Seigneur Bouddha dit. On remarque la formule passive et l’instrumental du pronom je par moi ou maya de sorte que ce qui gouverne ici dans l’énonciation est la parole du Bouddha, ce qui a été entendu, non le JE qui entend. En français, si on veut s’exprimer dans une langue correcte, on n’a pas d’autre choix que de dire Ainsi ai-je entendu… de sorte qu’au début de textes qui nous enseignent à dépasser la fixation égocentrique, JE revient à la première place et l’enseignement du Bouddha est l’objet de ce JE qui entend. De même, dans la première strophe où il présente sa requête de l’enseignement, le roi de Shambhala dit au Bouddha : Na jnatam vishvamanam maya… qu’on traduira littéralement Elle n’est pas connue de moi la mesure de l’univers… On remarque encore la tournure passive dans laquelle JE est l’instrumental et non le sujet de la connaissance. La suite de la phrase a permis d’éviter que la traduction de la requête de l’enseignement fasse passer le moi sujet au premier plan et on a préféré dire Tu ne m’as pas enseigné la mesure de l’univers …, le roi Suchandra s’adressant au Bouddha. Ces exemples nous incitent à réfléchir sur le fonctionnement de notre esprit et sur l’alternative que représente un schéma de pensée non-duelle dans notre compréhension de la réalité. L’intérêt que peut représenter la lecture d’un Tantra tel que le Kalachakra me paraît moins de raisonner sur la validité historique des prophéties que d’engager notre esprit à fonctionner autrement, dans la non-dualité d’une compréhension progressive de la vacuité. 7. Le temps, facteur karmique à purifier dans le système de Kalachakra On montrera par une image l’unité et la simultanéité que perçoit l’esprit non-duel. Les historiens occidentaux du bouddhisme n’ont pas la vision synchrone et organique du Dharma qui est celle des maîtres tibétains. Voici les trois corps de Bouddha, tels qu’ils apparaissent dans cette fresque se trouvant au centre du temple de Kalachakra à Theckchen Choeling, le monastère privé de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. Les trois véhicules sont également représentés avec au centre, le Bouddha dans son corps d’Emanation, portant la robe monastique et le bol, c’est le hinayana ; autour sont figurées les paramita, les perfections sous forme de déesses, c’est le Bouddha dans son sambhogakaya et le véhicule correspondant est le mahayana ; au-dessus, le Bouddha apparaît dans son dharmakaya, sous forme de la déité Kalachakra, enlacé à Vishvamata, c’est le vajrayana. On voit qu’il y a continuité et simultanéité entre les différents corps de Bouddha et, dans le Tantra de Kalachakra, il est dit que le Bouddha donne cet enseignement par compassion pour tous les êtres, dans la tradition donc de tous les enseignements bouddhistes qui furent transmis pour délivrer tous les êtres de la souffrance et de ses causes depuis le premier sermon du parc des Gazelles à Sarnath. Si nous posons la question : « Qui peut voir les différents corps de Bouddha ? » Nous dirons que nous les voyons ce soir sur cette affiche. Nous pouvons la regarder bien sûr comme une œuvre d’art, à la manière d’une pièce de musée. Mais nous pouvons également nous imprégner de sa signification et apprendre à voir le déploiement des trois corps de Bouddha. Lors d’une initiation de Kalachakra, lorsque le Dalaï-Lama donne l’initiation, il est la figure centrale, le Bouddha portant la robe monastique, dans son corps d’Emanation. L’énergie de sagesse et l’énergie d’amour qui rayonnent de lui sont le sambhogakaya du Bouddha et la thangka au-dessus de son trône est le corps de Dharma du Bouddha, figuré comme le couple enlacé des déités centrales de Kalachakra. On peut dire également que nous voyons en image et non en réalité les corps de Bouddha car nous n’étions pas présents à Shri Dhanyakataka. Pourquoi ? Nous sommes à Paris ici ce soir et pas à Kalapa, la capitale du royaume de Shambhala ? Pourquoi ? Être présents à Shri Dhanyakataka ou renaître à Kalapa, sont des événements qui se méritent. Cela représente l’accumulation immense d’un excellent karma. Nous n’avons pas mérité de renaître dans la terre pure de Shambhala. Nous avons pourtant accumulé suffisamment de mérites pour avoir reçu ou projeter de recevoir prochainement l’initiation de Kalachakra ou encore, tout simplement, pour nous intéresser à Kalachakra en étant présents ici ce soir au centre Kalachakra. En tant qu’êtres samsariques, nous existons au plan relatif et c’est la puissance du karma qui détermine notre renaissance, notre existence à un moment donné du temps historique. C’est le fruit du karma qui peut créer la synchronisation, cet événement d’ordre miraculeux qui nous permet de rencontrer un bodhisattva ou d’être contemporain d’un Bouddha. Pour mieux comprendre le facteur karmique qu’est le temps, je voudrais vous montrer les jours représentés dans le mandala de Kalachakra. Dans le système de Kalachakra, le temps est une tendance karmique à purifier. Nous connaissons les jours classés dans nos calendriers. Dans le mandala de Kalachakra, les jours sont des déités en relation avec le plan du corps et donc avec les facteurs de notre incarnation. Les jours physiques du monde, les jours de notre vie sont corrélés à l’énergie de sagesse de la nature de Bouddha qui est en nous. Ces jours sont également quantifiés en un certain nombre de souffles humains correspondant à la révolution du soleil et de la lune qui les déterminent. Or le soleil et la lune à l’extérieur de nous, ce sont aussi le soleil et la lune subtils, les essences rouges et blanches à l’intérieur de nous, circulant dans la veine droite, pour le soleil, et dans la veine blanche, pour la lune. Le Tantra de Kalachakra enseigne la purification de ces essences subtiles car si on parvient à les purifier, on purifie par là les tendances karmiques qui font de nous des êtres incarnés, se manifestant au plan relatif des jours du monde. Avec l’épuisement de la totalité de nos tendances karmiques, au nombre de 21 600, nous épuisons l’aspect samsarique du facteur temps au plan relatif, et pouvons alors diriger notre renaissance dans un espace-temps non-duel qui est précisément, au plan ultime, celui des terres pures de bodhisattvas. Au plan de la conscience dualiste qui est celui où nous nous trouvons, prisonniers du concept et du mental, l’espace et le temps sont des illusions égocentriques, limitées par le JE, réduites aux dimensions étriquées d’un moi. Certes, Shambhala ne peut nous apparaître si nous nous enfermons dans l’espace/temps étroit de notre conscience historique qu’on dit objective. Mais si nous sommes là ce soir, sans doute en sommes-nous arrivés au point où nous pouvons comprendre que la motivation de voir Shambhala est d’agir pour le bien de tous les êtres, sans rester prisonniers d’une conscience égocentrique. Celui qui voit Shambhala ne voit pas ce royaume pour lui seul, d’abord parce qu’il n’existe plus en tant qu’être séparé, il a réalisé la vacuité qui est le lien fondamental selon lequel la distinction entre soi et non-soi n’a plus de sens. On voit Shambhala pour le bien de tous les êtres. C’est un acte dans lequel, en s’engageant soi-même, on engage tous les autres. Sur ce plan-là, se résout la contradiction apparente entre vérité relative historique, singulière, des destinées individuelles, et vérité ultime des êtres Eveillés qui se sont éveillés pour nous tous. Le Dalaï-Lama, dans chacun de ses enseignements préliminaires à une initiation de Kalachakra, rappelle que le minimum de motivation nécessaire pour recevoir l’initiation est d’engendrer la motivation d’aider tous les êtres. L’étude dans le système de Kalachakra est un acte d’amour, cet amour qui n’a pas de limite et rayonne en direction de tous les êtres, cet amour qu’on appelle l’esprit d’Eveil. Et l’esprit d’Eveil est une énergie de sagesse qui est simultanément une énergie de compassion parce que la compréhension de la vacuité permet de développer la non-dualité qui ne discrimine plus entre soi et autrui. Mais arriver à agir pour le bien de tous les êtres est extrêmement difficile. Dans les mots, ça peut nous paraître possible. Mais dans l’action il en va autrement. Car le fait d’engendrer une telle motivation suppose qu’on a considérablement progressé dans la réalisation de la vacuité. Personnellement, j’ai trouvé toujours très inspirant l’exemple de nos maîtres spirituels qui vivent totalement ce qu’ils nous enseignent. Et si nous pouvons devenir capables de développer un jour en nous la non-dualité, nous le devons à leur compassion infinie. Prochaines rencontres : les Jeudi 5 avril, 17 mai et 7 juin 2001 à 20 heures, au Centre Kalachakra Participation aux frais : 30 F par rencontre Inscription et réservation par e-mail : sofia@buddhaline.com ou par courrier : BuddhaLine - 1 place de la Coupole 92084 Paris La Défense tél. 01 47 96 48 76 – fax 01 47 96 46 88 Retrouvez le monde de Kalachakra sur www.buddhaline.com/kalachakra Mars 2001 Sofia Stril-Rever http://www.buddhaline.net